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LEURS FIGURES

trop tard. Je crois que pour six millions je serais parvenu à calmer cette fâcheuse affaire. Mais je n’userai pas du document. Vous dites qu’on en parle ! Cela peut venir de Constans… Vous savez qu’en mars 1890, quand il a quitté le ministère, on l’a renseigné et sa documentation lui a permis de rentrer aux affaires quinze jours plus tard.

En vérité, les plus épaisses ténèbres enveloppent cette visite. Nul ne nous racontera cette conversation de Reinach, Rouvier et Clemenceau chez Cornelius Herz. On possède une lumière pourtant, une phrase de Cornelius Herz. Il a dit à M. Andrieux que Reinach et Rouvier l’étaient venus trouver, chacun dans son propre intérêt. Affolés tous deux également, ils sollicitaient l’intervention de Herz. Seulement Rouvier aurait eu une plus grande force de caractère que le baron de Reinach et il n’aurait pas poussé la crainte jusqu’à mettre fin à ses jours.

Quoi qu’il en soit, devant le langage menaçant et ferme de Cornelius Herz, Rouvier, vieux cheval de bataille, ne s’usera pas en supplications. Il rentre chez lui ; il ménage ses forces et verra venir. Peut-être espère-t-il encore que Loubet et Burdeau auront convaincu le procureur général d’abandonner les poursuites.

Quant à Clemenceau, si au quitter de Cornelius il accompagne encore Reinach, c’est apparemment qu’il veut entraver de ses bons offices