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JOURNÉE D’AGONIE DE REINACH

cet agonisant et empêcher qu’à la dernière heure il ne rue dans le brancard parlementaire. Mis en face de la fameuse liste, il serait capable de s’écrier : « Je l’avais confiée à M. Clemenceau ! » Ah ! la mort de ce Reinach faciliterait bien des choses ; en attendant, il faut le convaincre par d’affectueux procédés que, si l’événement dépendait de Clemenceau, Herz et Constans plieraient.

Voilà d’une façon très plausible les idées que, pour rester conforme à soi-même, Clemenceau aurait dû remâcher dans le fiacre qui le menait, côte à côte avec le baron, de Cornelius chez Constans. Mais Clemenceau nie que la « liste Reinach » ait jamais passé entre ses mains ; il nie qu’on ait parlé de cette liste chez Cornelius Herz ; il affirme même l’avoir vue pour la première fois chez le juge d’instruction. (Ici l’erreur est certaine. On sait que M. Andrieux, quand il rapporta de Bournemouth la « liste Reinach », la soumit à M. Clemenceau. Et ce fait prouvé démontre que M. Clemenceau ne se croit pas obligé de témoigner contre soi-même.)

« Pendant tout le trajet, dit M. Clemenceau (de l’avenue Henri-Martin à la rue des Écuries-d’Artois), M. de Reinach était dans un tel état, il m’inspirait une si grande pitié, que je n’avais pas le courage de lui parler. Je ne crois pas que nous ayons échangé trois paroles. Je ne