Page:Barrès – Leurs Figures.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
JOURNÉE D’AGONIE DE REINACH

père que de ne pouvoir supporter le tort qu’il allait causer à son gendre.

… Le valet de chambre, Jean Kermadec, a raconté que, le lendemain dimanche, quand il voulut entrer dans la chambre de son maître, il trouva « un membre de la famille » qui lui dit :

— Ce n’est pas la peine : le baron est mort.

À la même heure, Hébrard courait chez Cornelius Herz et lui criait :

— Reinach s’est empoisonné.

Cornelius demanda :

— Et les papiers ?

Hébrard répondit :

— Depuis six heures, Joseph brûle.

Cornelius se rendit aussitôt chez son avocat, Andrieux. Dans la matinée, Andrieux chercha Ducret à Neuilly. On le renvoya aux bureaux de la Cocarde. Sans préambule, il proposa au journaliste une « conspiration ».

— Cela nous a mal réussi au temps du boulangisme, observa Ducret. Néanmoins, conspirer avec vous ne peut être qu’intéressant.

Andrieux parla d’argent, puis il continua :

— Vous paraissez savoir beaucoup de choses, j’en connais aussi d’intéressantes. En outre, je vous apporte de précieux concours que vous ne soupçonnez pas. Il faut marcher avec Cornelius Herz, et non contre lui ; il faut s’accorder avec Clemenceau.