300.000 francs avaient été remis à M. Floquet, ministre de l’intérieur, pour des journaux qu’il favorisait.
Et passant à l’objet même de leur mission :
— Il s’agit, dirent-ils, de demander à la Chambre une commission d’enquête sur tous ces crimes. Aurez-vous cette hardiesse ?
Delahaye comprit qu’il causait avec des envoyés. Les administrateurs du Panama voulaient dériver la colère publique sur les parlementaires.
— Quelles armes, répondit-il, mettrez-vous dans mes mains ? Où sont les preuves ?
Le temps manquait pour se procurer les papiers logés en lieux sûrs. Mais pour l’instant il ne s’agissait pas de prouver ; il fallait dénoncer et réclamer une enquête. De l’enquête surgiraient toutes preuves… Et le personnage politique citait des traits de l’histoire, propres à exciter l’émulation, le dévouement de Delahaye.
— Reculez, ajoutait-il, craignez de vous perdre, et c’est le pays qui se perdra. Vous pouvez libérer la France. À cette heure, je l’avoue, vous devez choisir entre une faiblesse et une témérité… Eh bien ! votre ami qui me connaît vous répond de moi. Allez-y ! demandez, exigez, obtenez une commission d’enquête : devant elle, je vous le jure, Lesseps et Cottu viendront parler.
Delahaye vit bien que les administrateurs voulaient un instrument. Mais il se sentit assez fort