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LEURS FIGURES

bable : que le gouvernement songeait à débarquer des chéquards.

Peu après, on annonça l’arrivée au Palais-Bourbon du procureur général, M. Tanin. Cette nouvelle contestée, puis confirmée, fit baisser toutes les voix ; on eût dit l’agitation d’une ville assiégée où chacun courait à son poste. Mais ce Parlement trahi n’enfermait pas que ses défenseurs : des ennemis plus ou moins avoués s’y réjouissaient d’un désastre dont ils ignoraient encore la nature. Dans ce chaos, quand sur les banquettes ou, debout, près des cloisons et à tous les angles, chacun eut rejoint ses coreligionnaires, des masses compactes, nettement dessinées et d’importance inégale, firent comprendre la géographie morale du Parlement : ici les suspects, tout auprès leurs alliés, personnellement honnêtes, mais atteints par un scandale qui fortifiait leurs adversaires, et enfin les agresseurs frémissants de sentir la brèche ouverte.

Quels étaient les sacrifiés ? Combien nombreux ? On s’interrogeait encore quand, à trois heures, et cet insipide discours de Saint-Calais et de la Ferté-Bemard terminé, M. le président Floquet se leva pour dire :

— Je viens de recevoir de M. le ministre de la justice une demande en autorisation de poursuites contre cinq députés.

À la suite de cette phrase, l’Officiel met un