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LA PREMIÈRE CHARRETTE

Proust, Jules Roche, Dugué de la Fauconnerie. Nul d’eux ne se leva ; ils étaient absents.

M. Dugué de la Fauconnerie, fatigué par une goutte violente, venait à petits pas vers le Palais-Bourbon. Sur le pont de la Concorde, un journaliste l’arrêta, lui dit la catastrophe. M. de la Fauconnerie n’avait jamais prévu un tel résultat de sa « participation » qu’il considère comme très licite. Il rebroussa chemin, et ce soir-là ne coucha pas chez lui.

M. Proust passait son après-midi au Palais de Justice. La veille, en effet, il était sorti de l’Assemblée au bras de M. Bourgeois, garde des sceaux.

— Je veux, disait-il, que M. Franqueville m’entende à nouveau ; j’ai des explications à lui donner.

— Parfaitement, lui répondit le ministre.

Et le lendemain, soit ce 20 décembre, M. Franqueville, dans son cabinet, vers quatre heures, disait à M. Proust : « Je regrette. Monsieur le député, de ne plus pouvoir vous entendre comme témoin ; à cette heure même, la Chambre suspend votre inviolabilité. » M. Proust déclara à ses amis qu’il ne saluerait plus M. Bourgeois.

Quant à M. Jules Roche, amicalement sollicité par M. Ribot, président du conseil, et par M. Siegfried, ministre du commerce, de les appuyer dans la discussion du traité franco-suisse, il était venu dès le début de cet après-midi