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LEURS FIGURES

« Quant à ceux qui m’interrompent, dit-il en faisant face au centre républicain, s’ils avaient été autrement défendus et servis, peut-être à cette heure ne seraient-ils pas sur ces bancs… »

Une fois encore, devant les clameurs, il dut reculer, mais il avait jeté ses deux menaces. Il termina devant une majorité devenue de bois, tandis que l’opposition enivrée de cette curée chaude respectait pourtant la face congestionnée du vaincu.

Dans le complet silence de cet auditoire, son vigoureux discours fit le bruit d’une masse pesante qui tombe. Sans doute, il sentit la chute complète, car longeant, pour regagner sa place, le banc des ministres, il leur dit :

— Au moins, vous n’allez pas me faire coucher à Mazas ?

Telle était son ignorance de leurs projets qu’il fit venir son collègue et ami M. Granet :

— Écoutez, Granet, rendez-moi un service. J’ai une jeune femme ; il me faut savoir si l’on viendra m’arrêter cette nuit, j’aurais des précautions à prendre.

Granet alla trouver M. Lozé et, sans ruser :

— Rouvier veut savoir si on l’arrêtera.

— Non. Je n’ai pas d’ordres.

— Personne ne demande la parole, disait cependant le président Floquet, vieilli de dix années. Chacun, des yeux, cherchait, attendait MM.