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GÂTEUX DEPUIS PANAMA

en le dévorant, faire disparaître celui qui les compromettait[1].

Ces grandes opérations de vidange à ciel ouvert n’étaient qu’un jeu pour le ministère auprès de ses travaux souterrains. Ne devait-il point poursuivre Arton et se garder de l’atteindre, solliciter l’extradition de Herz et supplier l’Angleterre de la refuser !

Errant de ville en ville, le col de sa houppelande juive dressé sur ses oreilles, le petit Arton se proposait comme un sauveur au parlementarisme. Le 24 décembre, il écrivait à un ami :

« Affirmez bien au gouvernement que personne n’a eu de moi une liste quelconque ; tout est basé sur des on-dit, sur des conséquences que l’on tire des autres indiscrétions et révélations.

  1. « Supposez des hommes comme nous tous, comme Déroulède, comme Delahaye, comme Andrieux, comme Millevoye, comme Barrès, qui avions joué une grosse partie en nous attelant à l’affaire de Panama, qui avions réussi tout de même à attacher cette casserole au derrière des opportunistes… On vient nous annoncer que la fille de Baïhaut est mourante et que le prisonnier désire la voir. Sans même nous être entendus, nous aurions immédiatement, si nous avions disposé d’une parcelle du pouvoir, envoyé des ordres pour que ce désir fût réalisé. Les collègues, les camarades, les complices de Baïhaut ont dit : « Non ! »
    « Plus tard, Casimir-Perier, qui avait été le témoin, le répondant de Baïhaut dans une affaire d’honneur, s’est refusé à abréger d’une heure la captivité de cet infortuné. Est-ce vertu ? Allons donc ! Si Baïhaut avait nié, Casimir-Perier, tout en sachant parfaitement à quoi s’en tenir, l’aurait pris pour ministre comme il a pris Raynal et Burdeau. » (Édouard Drumont : Figures de bronze et Statues de neige.)