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VAINES DÉMARCHES DE STUREL

verte d’une utilité incalculable pour la défense de nos côtes. Et, malgré les sollicitations les plus pressantes, il refusait de la livrer à nul autre pays.

Sturel demeura au chevet de cet incroyable personnage de neuf heures du soir à quatre heures du matin. C’est avec un vrai mouvement d’admiration, l’admiration classique du Gaulois pour l’étranger, qu’il dit à Mme Herz, qui le reconduisait :

— Votre mari est prodigieux : il n’est pas fatigué ; moi, j’ai la tête brisée.

Rentré à son hôtel, Sturel n’avait pas envie de dormir, parce qu’il possédait un magnifique objet d’étude et d’étonnement. Pitoyable dans ses mensonges pour paraître un bon Français, ce Herz venait du moins d’étaler pendant de longues heures une conception de la politique infiniment plus vraie que celle que distribue aux étudiants l’École de la rue Saint-Guillaume.

Dans la nuit même, Sturel rédigea ces confidences. Bien qu’il rapportât des photographies plein ses poches, il constata que, sur les points les plus graves, l’habile malade le laissait sans preuves. À l’égard des chefs principaux du parlementarisme, il ne put procéder que par allusion et par des allusions qu’eux seuls pouvaient entendre.

L’article paru, Sturel alla en chercher les échos