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UN RAT EMPOISONNÉ

Rouvier à Reinach ? La réponse n’est pas moins notable.)

— Je n’ai rien fait de semblable, réplique Reinach.

— Alors, pourquoi cet embarras ? continue Rouvier (toujours dans sa déposition du 14 décembre devant la Commission d’enquête).

Et Reinach de répondre :

— Parce que j’ai été largement intéressé dans divers syndicats de la Compagnie de Panama. Et considérant que ces bénéfices étaient ma propriété personnelle, j’en ai usé à ma convenance…

Sur ce beau mot, Rouvier s’arrête en disant : « J’emploie les termes mêmes dont s’est servi M. de Reinach et qui sont restés fidèlement « dans ma mémoire. » Puis, il rapporte un dernier mot du baron : « J’ai pu partager mes bénéfices avec des financiers et avec des hommes politiques de mes relations. »

Je prie qu’on relise ce petit récit qui présente si ingénument le rôle panamiste du baron de Reinach. C’est là du comique de grande qualité, qui ne fait pas rire, mais qui force à voir clair. Rouvier ne nous dit pas qu’il s’est exclamé : « Comment ! vous figuriez dans des syndicats ! vous avez partagé avec des financiers et des personnages politiques ! Je n’aurais pas cru qu’il y eût de telles combinaisons. » Non, il ne nous dit pas s’il a répondu cela, mais nous devons le supposer.