Page:Barrès - Adieu à Moréas, 1910.djvu/12

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tueusement, dans cette chambre où il attendait la mort avec une si calme fierté !

À vingt ans, j’ai entendu Moréas scander ses premiers poèmes, du même accent dont il me disait, il y a peu, les plus beaux fragments de l’Ajax et du Philoctète que la mort vient d’interrompre. Ainsi la vie de notre ami est toute au clair dans ma mémoire, depuis le jour qu’il nous vint d’Athènes, chargé d’une mission qu’il ne connaissait pas encore, jusqu’à ces jours glorieux où, par l’unanime désignation des poètes, il tenait l’emploi d’un drapeau.

Je me rappelle la charmante arrogance de sa jeunesse, sa mise brillante