Page:Barrès - Adieu à Moréas, 1910.djvu/19

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morose. Cet incroyant gardait le culte des petites divinités. Il donnait un corps, une âme, un visage à toutes les minutes aimables. Il semblait mener l’existence insouciante d’un vieux poète qui n’a rien changé au train de sa vingt-cinquième année. Mais derrière ces apparences, j’en appelle à ses intimes, quelle profondeur et quelle force de désabusement ! Quel personnage solitaire il faisait, notre ami (et d’une manière presque douloureuse), au milieu de ces jeunes gens qui le saluaient avec déférence, mais dont les visages joyeux lui rappelaient à chaque minute les approches de la vieillesse !

En vain possédait-il une confiance absolue dans la valeur de son œuvre ;