Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/158

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de souplesse, avec des fonds très noyés, c’est, en plus humide, l’atmosphère de Florence. Toutefois, l’Arno toscan n’a pas la noblesse fière, la chasteté de notre rivière, quand les saules courbés par le vent se penchent sur elle, qui fuit dans les prairies sombres. Et les larges couleurs profondes que notre terre prend parfois le soir s’accordent avec les vertus éprouvées et calmes de notre nation.

M. Asmus quittait quelquefois la Moselle pour atteindre, sur sa rive droite, la plaine de la Seille, vaste pays du blé et des chênes, où galope un vent éternel. La terre y est grasse, forte, le plus souvent mouillée, en été crevassée. La Seille y serpente à pleins bords, au milieu des roseaux, des peupliers et des saules argentés que la bise ébouriffe.