Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/159

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Ses villages, que les gens de la Moselle nomment avec dédain « les villages perclus de la Seille », tout gris sous des toits rouges, n’ont pas changé depuis des siècles. Leurs paysans sont des abeilles qui mellifient silencieusement pour le collecteur d’impôt, qu’il soit de Metz, de France ou de Prusse. On y voit, çà et là, quelques gentilhommières dont les maîtres sont toujours absents. D’où vient la mélancolie inaltérable de cette plaine ? De ses grandes courbes monotones, de ses bouquets isolés, tous pareils, de son vaste ciel tourmenté, de sa terre figée, silencieuse, et des deux minotaures, le Saint-Blaise et le Sommy, toujours dressés sur l’horizon. Allez voir à Sillegny, dans la pauvre église, les fresques pieuses et barbares du seizième siècle, et