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Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/160

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son cimetière où subsiste un charnier. C’est de là qu’on épuise le mieux toute la poésie de la Seille et que se resserre un cœur épanoui sur les bords de la Moselle.

Qu’éprouvait dans nos campagnes cet étranger, ce fils des vainqueurs ? Les noms de nos villages prenaient-ils pour lui cette sonorité tendre et profonde, à la Mozart, qui nous touche l’âme ? Savait-il déchiffrer l’écriture mystérieuse que tracent nos arbres légers et leurs feuillages amenuisés dans notre atmosphère bleuâtre ? Une pensée délicate, épurée, solitaire, s’élève avec leurs branchages. Ces bois paisibles, qui ne savent rien d’aucune querelle nous donnent une vive image du devoir, tel que l’accomplit une belle plante humaine, une riche et saine nature, au milieu des maîtres