Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/210

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l’Est. Hélas ! Depuis trente ans, le château de la famille de V… a connu bien des maîtres. Tous ont travaillé à faire d’une propriété noble et simple une chose prétentieuse. Ils ont barbouillé en vert tendre les façades, bousculé les parterres et dressé sur les rocailles un peuple de magots. Comment auraient-ils senti l’ordonnance d’un jardin à la française ? Des ornières profondes déshonorent les allées d’où le sable a disparu ; les coins obscurs, les carrefours humides se sont multipliés ; des mousses verdâtres, sorties de la terre spongieuse, répandent partout un air de vétusté, et les arbres, poussés à l’abandon, ferment les vues de la campagne. Dans la maison, mêmes ravages : les petites boiseries blanches, recouvertes d’un badigeon-