Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/215

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course. Ils glissaient, se séparaient, se retrouvaient sans cesse et coulaient toujours. Sous l’influence de ces choses aériennes qui fuient, la campagne faisait et défaisait ses contours avec une saisissante mobilité. Des traînées lumineuses voyageaient sur les côtes, sur la rivière, sur le canal rectiligne qui la double de ses miroirs ; elles atteignaient un bois, un village pour l’illuminer quelques minutes, et déjà le replonger dans l’ombre. En se reflétant sur la terre, ces lourdeurs du ciel prennent une légèreté magique ; elles y dessinent mille formes fugaces et d’instables clartés. La Moselle noire, émotive, change de tons comme un serpent. Au loin, à droite, le pays de la Seille, qui tout à l’heure brillait, s’enténèbre. Et voici que les nuées allument