Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’imparfaitement ; on les délaisse, mais sous la cendre qui les recouvre, le moindre souffle les ravive. Elles composent peut-être la religion naturelle de notre race, ce qui s’éveille dans la partie mystérieuse de chacun de nous et qui nous réunit, les uns les autres, au choc d’une émotion de douleur ou de joie. Ces nobles revenantes, ces pensées éternelles animent, ce matin, la foule.

L’orgue est petit, les chanteurs lointains, et le groupe des prêtres en deuil se perd dans la pénombre de l’abside. L’évêque, d’une race étrangère, mais d’un cœur noble, est prosterné sur son trône violet. Chacun s’incline, la messe vient de commencer, et l’officiant nomme ceux pour qui l’on va célébrer l’office. « Aujourd’hui, nous fai-