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Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/266

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articulait ces mots, d’un ton ferme et toute rayonnante de sa victoire sur ce qui l’aurait amoindrie. Madame Baudoche, qu’il invoque d’un regard, ne le voit même pas ; sans souci de la foule, elle embrasse Colette. Le Prussien s’incline sèchement, et s’éloigne ; il va réfléchir, des mois et des mois, pour savoir s’il doit admirer ou détester cette réponse.

Que voulez-vous, mon cher Monsieur Frédéric Asmus, vous êtes une victime de la guerre. Votre naïve impétuosité n’avait pas tort de céder à l’attrait de cette terre lorraine, qui désire refaire avec ceux qu’elle attire ceux qu’elle a perdus ; tout semblait propice à ce rêve pacifique ; mais une jeune fille a choisi la voie que lui assigne l’honneur à la française.