Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/71

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noyer dans la brume, et se laissait amollir par ces vagues beautés. Dans une de ces courses, son regard passa avec indifférence sur l’humble château aux quatre poivrières où mourut le maréchal Fabert. Quand l’harmonie des objets matériels avec leur sens moral est parfaite, celui qui les contemple en reçoit un merveilleux plaisir de sérénité, mais le jeune promeneur ne savait pas distinguer les âmes du pays messin. D’autres fois, il montait sur la route de Sainte-Barbe, au-dessus des vignes fameuses, toutes rouges à cette saison, qui pressent, recouvrent le village de Saint-Julien, parsemé d’arbres fruitiers. Dans la brume, les grands peupliers, les eaux de la Moselle, les prairies, les clochers bruissants de Metz se liaient, devenaient un seul