Page:Barrès - Colette Baudoche, 1913.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

corps solide et délicat, le signe d’une pensée inexprimable. La pensée messine remplissait l’horizon, rosée sur des pâturages paisibles, et nuancée par les derniers feux du soleil qui se couchait en France, derrière le fort Saint-Quentin. Frédéric Asmus pressait le pas pour revenir au grand feu clair de son logis lorrain ; il croisait des cyclistes, les cloches sonnaient à Saint-Julien, le ciel et les chemins rougeoyaient de ce crépuscule prolongé. Ce jeune étranger, qui ne s’était pas encore fait d’amis, eût été heureux d’avoir quelque objet vivant avec qui, en toute sympathie, parler de ce pays, de sa famille et de sa patrie.

C’était l’heure qu’il choisissait le plus volontiers pour écrire à sa fiancée, en attendant que Madame Baudoche lui appor-