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LA COLLINE INSPIRÉE

le temps de son sommeil, les desseins ambitieux des ennemis de la Lorraine ? Où le singulier Charles IV qui, réduit à l’extrémité par les troupes de Louis XIV, s’avisa de faire donation et transfert irrévocable de son duché à Notre-Dame de Sion, en s’écriant :

« On n’osera pas guerroyer la mère de Dieu ! » Où sont nos chefs héréditaires, toute notre famille ducale qui, lorsqu’elle quitta pour toujours, par la défaillance de François III, le vieux duché et des sujets dont le loyalisme n’avait jamais failli, voulut une dernière fois s’agenouiller au sanctuaire de Sion ?…

Où sont-ils, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d’antan ?

Ces puissantes figures ont disparu qui combattaient pour la Vierge de Sion, leur dame et leur protectrice, et qui mettaient Dieu dans leurs conseils. Il est fermé, ce beau théâtre de Sion-Vaudémont, véritable scène de gloire où nous voyons, comme en perspective, une longue suite de héros qui trouvaient dans la pensée d’une alliance avec le ciel un principe d’action. Aujourd’hui, la colline ne fait plus monter vers les nues ses prières pour en obtenir des oracles. Rosmer-