Page:Barrès - La Colline inspirée, 1913.djvu/419

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C’était son premier acte de prêtre rétabli dans ses droits, et ce devait être le dernier.

Quand l’Oblat voulut se retirer, il lui tint longuement la main, en répétant à deux ou trois reprises :

— Vous êtes mon ami ! C’est vous qui êtes mon ami !

À l’apparition du père Cléach sur le seuil de la pauvre maison, ce fut un long murmure d’admiration. Tout le village était rassemblé dans la rue. Mme  Pierre Mayeur, résumant le sentiment général, lui dit :

— C’est vous qui avez les lauriers.

Au couvent, on alla rendre grâce à Notre-Dame de Sion. La chapelle rayonna de feux et de cantiques. Un délégué partit en hâte porter à Monseigneur la rétractation de Léopold. Et pendant que tout brillait là-haut, et que dans chaque maison du village, c’était un bavardage émerveillé ; que le pasteur du diocèse lisait à ses grands vicaires le bulletin de victoire ; que partout enfin ce n’était que triomphe et sainte allégresse, et sur la colline nocturne, la même éternelle grandeur, Léopold, pour sa dernière nuit, demeurait seul, en proie à ses gardes-malades.

Tant d’émotions et tant de fatigues avaient