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LA COLLINE INSPIRÉE

succèdent au siège épiscopal de Nancy. Ils sont fiers de recevoir le noble prélat, ils l’entourent d’un profond respect, mais ils connaissent leurs propres actions et saluent dans sa grandeur un effet de leurs sacrifices.

Ces sacrifices, Léopold, François, Quirin sont prêts, indifféremment, à les renouveler ou bien à en récolter le fruit. Tout ensemble paysans, prêtres et soldats, ils s’avancent pour conquérir dans les armées du ciel, comme ils eussent fait dans les armées de l’Empereur, les grades, les titres, les dotations, la gloire. Fermes dans leur foi d’ailleurs, comme ils eussent été fermes au feu.

Au sortir du séminaire, à l’âge de vingt-quatre ans, Léopold fut nommé curé de la belle et importante paroisse de Flavigny-sur-Moselle. Il y arriva en 1821, tout impatient de se distinguer, d’autant que son journal le faisait participer aux fièvres du grand effort catholique auquel la Congrégation a donné son nom. Ce mouvement, qui fut ailleurs une politique, se présentait au jeune prêtre comme le sentiment le plus haut et le plus vrai, comme une réparation due à des convictions proscrites, à des œuvres persécutées, à des ruines sacrées par le malheur. Du premier regard, il s’avisa qu’un monastère