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Page:Barrès - La Terre et les morts.djvu/22

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cerveau des petits enfants ; elle ensevelit sous des mots et des idées d’Allemagne, comme une source vive sous des fascines, une sensibilité qui depuis des siècles alimentait cette race et que ces enfants avaient reçue de leurs pères.

Eh bien, Messieurs, ce n’est pas en jetant de la terre sur des cadavres, une formule insolente sur des siècles d’histoire et un vocabulaire sur des consciences, qu’on annule des consciences, des précédents et des cadavres. À Chambière, devant un sable mêlé de nos morts, par un mouvement invincible de vénération, notre cœur convainc notre raison des grandes destinées de la France et nous impose à tous l’unité morale.


Cette voix des ancêtres, cette leçon de la terre que Metz sait si bien nous faire entendre, rien ne vaut davantage pour former la conscience d’un peuple3. La terre nous donne une discipline, et nous sommes les prolongements des ancêtres. Voilà sur quelle réalité nous devons nous fonder.

Que serait donc un homme à ses propres yeux, s’il ne représentait que soi-même ? Quand chacun de nous tourne la tête sur son épaule, il voit une suite indéfinie de mystères, dont les âges les plus récents s’appellent la France. Nous sommes le produit d’une collectivité qui parle en nous. Que l’influence des ancêtres soit permanente, et les fils seront énergiques et droits, la nation une.

Trop souvent, la clameur bruyante des partis étouffe cette expérience d’outre-tombe que nous transmet notre sol. Si la « Patrie