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le jardin de bérénice

Maintenant que l’univers était rempli de nuit, un tableau plus beau encore m’apparaissait. Dans ce recueillement, les êtres prenaient toute valeur : ce n’était plus Bérénice que je voyais, mais l’âme populaire, âme religieuse, instinctive et, comme cette petite fille, pleine d’un passé dont elle n’a pas conscience ; pour Charles Martin, c’était la médiocrité moderne, la demi-réflexion, le manque de compréhension, des notions sans amour. Mais moi-même je n’existais plus, j’étais simplement la somme de tout ce que je voyais.

Toute passion individuelle avait disparu. Je n’opposais plus mon moi à Bérénice, ni à Charles Martin ; ils m’ap-