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Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/165

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auprès d’elle, qui représente pour moi la force mystérieuse, l’impulsion du monde, je goûtais dans le parfum léger de son corps de jeune femme toute la saveur de la passion et de la mort. Or, comparant mes agitations d’esprit et la sérénité de sa fonction, qui est de pousser à l’état de vie tout ce qui tombe en elle, je fus écœuré de cette surcharge d’émotions sans unité dont je défaille, et je songeai avec amertume qu’il est sur la terre mille paradis étroits, analogues à celui-ci, où, pour être heureux, il suffirait d’être, comme mon amie, une belle végétation et de me chercher des racines, ces assises morales qu’elle avait trouvées en pleurant dans les bras de M. de Transe.