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le jardin de bérénice

mon billet et faisais enregistrer mes bagages. Quand je fus monté dans mon wagon :

— Je suis seule au monde, me dit-elle, et personne ne m’aime.

Je faillis redescendre sur le quai, ne pas rentrer à Arles ce soir-là. Mais quelle solution à cette aventure ? Je voyais bien qu’au fond elle ne m’aimait pas, mais avait seulement de la confiance en moi et détestait sa solitude. Je sentais d’autre part que je ne goûtais en elle que sa douleur sans défense, et que, gaie et satisfaite, elle m’eût été une compagne intolérable.

Le train s’éloigna, et je la vis, petite chose résignée, évoluer à travers les gros