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le jardin de bérénice

fatigué par de telles méditations mêlées à ma propagande de candidat, et légèrement fiévreux, un orage tombait sur la Crau. On leva les vitres sur le devant de la capote, qui me firent durant six heures une prison étroite où le vent qui écorche ces plaines jetait et écrasait la pluie. Les chevaux, surexcités par la tempête et leur cocher, filaient avec une extrême rapidité. Je m’endormis d’un sommeil que je dominais pourtant et qui ne m’empêchait guère de suivre mon idée. État qui n’est pas de rêve, mais plutôt l’engourdissement de notre individu, hors une part qui veille et bénéficie de toute la force de l’être.

Sur ce premier campement de l’église