Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/91

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sur deux kilomètres. Au pied de cette masse rude, campée dans l’immensité, jouaient des enfants pareils à des petites bêtes chétives et malignes. Mais mon regard détourné se fondait au loin sur la plaine profonde et ses immenses étangs d’un silence éternel et si doux !

Quand j’obéis à Bérénice, qui redoutait pour moi la fièvre qui rôde le soir sur ces landes, et quand je la suivis dans le petit salon dont les vastes glaces nous laissèrent suivre le coucher du soleil, une émotion presque pieuse gonflait mon cœur. Le thé que nous buvions ne devait pas apaiser mon énervement, mais elle me parlait avec une gaîté légère et un imprévu plein de tact qui