Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/94

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une grande fille le sourire qu’on lui vit enfant. Cela éveille l’idée si passionnante des transformations de la nature ; nous distinguons confusément que ce jeune corps qui nous enchante n’est pas une chose stable, mais le plus bel instant d’une vie qui s’écoule. Avec une sorte d’irritation sensuelle, nous voudrions la presser dans nos bras, la préserver contre cette force de mort qu’elle porte dans chacune de ses cellules, ou du moins profiter, dans une sensation plus forte que les siècles, de ce qui est en train de périr.

Quand Bérénice était petite fille, dans mon désir de l’aimer, j’avais beaucoup regretté qu’elle n’eût pas quelque infir-