Page:Barrès - Le culte du moi : le jardin de Bérénice.djvu/93

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de ces voix graves et élégantes qui pénètrent sensuellement dans les veines, nous engourdissent et font éclore la mélancolie. C’était toujours l’ancienne petite fille, mais la puberté avait fondu sa dureté et comme feutré les brusqueries un peu sombres de sa dixième année. Du petit animal entêté qui m’avait un soir donné sa main fiévreuse, elle n’avait conservé, parmi ses grâces de jeune femme, que cette saveur de sembler un être tout d’instinct et nullement asservi par son milieu.

Charmante et secrète ainsi, elle excitait infiniment mon imagination et m’emplissait de volupté. Je ne sais rien de plus troublant que de retrouver dans