Je lui écrivis. Dès lors je connus à chaque courrier l’angoisse, puis la secousse à briser mes genoux, quand le facteur si longtemps guetté s’éloignait, sans une lettre pour moi qui sifflotais d’indifférence affectée.
Je n’eus plus le courage de penser à rien autre qu’à elle, qui peut-être en ce moment riait.
« Elle ne m’a pas écrit, — me disais-je chaque matin avant de quitter mon lit, — faut-il en conclure qu’elle ne me répondra pas ? Elle fut toujours détestable ; son sans-gêne d’aujourd’hui prouve-t-il que son amitié ait fléchi ? » Et, singulier amant, je cherchais les preuves d’indifférence qu’elle m’avait données aux meilleurs jours, avec plus d’ardeur qu’un homme raisonnable ne se rappelle les preuves de tendresse.
À cette époque, le goût que je lui gardais prit des proportions vraiment curieuses. Vous