Aller au contenu

Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
UN HOMME LIBRE

criant après eux, dès les six heures du matin, je jouis, je respire à l’aise.

Cabanis observe, en effet, que l’abondance de bile met une chaleur âcre dans tous le corps, en sorte que le bilieux trouve le bien-être seulement dans de grands mouvements qui emploient toutes ses forces. Ce médecin philosophe ajoute que, chez les hommes de ce tempérament, l’activité du cœur est excessive et exigeante.

— J’entends bien, me répond en souriant Simon ; mes journées ne sont heureuses qu’en province, mes nuits ne sont agréables qu’à Paris… Cette ville toutefois diminue ma force musculaire. Des occupations sédentaires, l’exercice exclusif des organes internes entraînent des désordres hypocondriaques et nerveux. Oh ! la fâcheuse contraction de mon système épigastrique ! Ma circulation s’alanguit jusqu’à faire hésiter ma vie. Je perds cette conscience de ma force que donnent toujours une chaleur active et un mouvement régulier du cerveau, et qui est si nécessaire pour venir à bout des obstacles de la vie active. C’est ainsi que tu me vis indifférent