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Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/82

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UN HOMME LIBRE

aux ambitions, que tu poursuivais tout au moins par saccade.

– Eh ! lui dis-je, crois-tu que je ne les ai pas connues, au milieu de mes plus belles énergies, ces hésitations et ces réserves ! Toi, Simon, bilio-nerveux, tu mêles une incertitude âpre à cette multiple énergie cérébrale qui naît de ton état nerveux. Cette complexité est le point extrême où tu atteins sous l’action de Paris, mais elle fut ma première étape. Je suis né tel que cette ville te fait. Chez moi, d’une activité musculaire toujours nulle, le système cérébral et nerveux a tout accaparé. Dans ce défaut d’équilibre, les organes inégalement vivifiés se sont altérés, la sensibilité alla se dénaturant. C’est l’estomac qui partit le premier. J’offre un phénomène bien connu des philosophes de la médecine et des directeurs de conscience : je passe par des alternatives incessantes de langueur et d’exaltation. C’est ainsi que je fus poussé à cette série d’expériences, où je veux me créer une exaltation continue et proscrire à jamais les abattements. Dans ma défaillance que rend extrême l’impuissance de mes muscles, parfois