quelque problème ?… Nous, par exemple, à votre âge, dans nos causeries indéfinies, nous revenions toujours sur les mêmes points.
— Je sais, dit le jeune homme, ce sont des problèmes fameux : la grande crise de M. Renan à Saint-Sulpice, et son adhésion à la science ; votre protestation contre la philosophie spiritualiste, quand vous réhabilitiez le sensualisme de Condillac… D’une façon plus générale, la grande affaire pour votre génération aura été le passage de l’absolu au relatif… Permettez-moi de vous le dire, monsieur, c’est une étape franchie, et nous sommes sur le point de ne plus comprendre l’angoisse de nos aînés accomplissant cette évolution. Ce n’est pas que nous voulions restaurer des liens que vous avez coupés, mais enfin nous ne pouvons pas plus être matérialistes que spiritualistes. Qu’est-ce que la matière ?… Il faut vous dire que nous avions pour professeur de philosophie un kantien : il nous a exposé avec une force admirable la critique de toute certitude. Dès lors, comment parler des propriétés de la substance universelle ? ses qualités ne sont rien de plus que des états de notre sensibilité ; nous ne connaissons en soi ni les corps, ni les esprits, mais seulement nos rapports avec les mouvements d’une réalité inconnue et à jamais inconnaissable. Le matérialisme est devenu pour nous une doctrine absolument incompréhensible. Ce n’est plus qu’une conception de la vie dont les parlementaires de toutes nuances et leurs journalistes — je suis renseigné par un de mes camarades, rédacteur à la Vraie République, — sont les représentants.
Avec tout cela, Rœmerspacher n’aboutissait pas à