Et, sur une réponse satisfaisante :
— Je suis content ; voilà le point qui m’inquiétait, vous ayant lu et vous trouvant, à ma grande surprise, si jeune. Je vous crois propre aux spéculations intellectuelles : or, je tiens comme un grave danger pour l’individu et pour la société, la contradiction qu’il y a trop souvent entre un développement cérébral qui nécessite des loisirs, des dépenses, car la grande culture est fort coûteuse, et une condition qui oblige à des besognes… Quels sont vos projets ?
Rœmerspacher expliqua que, tout en menant convenablement sa médecine, il suivait les conférences d’histoire à l’École des Hautes Études.
— Vous n’avez pas encore trouvé votre voie. Ne hâtez pas vos décisions. Prêtez-vous à la vérité qui, peu à peu et d’elle-même, se créera en votre conscience… Pourtant, donnez-vous une méthode, une discipline. Rien n’est plus dangereux que de laisser vaguer son esprit… Comment vivez-vous ? Avez-vous un petit cercle ? des idées communes avec des jeunes gens ?
Rœmerspacher parla de Sturel et de ses camarades qui seraient journaliste, avocats, médecins.
— Êtes-vous enthousiasmé par une idée ? Voudriez-vous faire triompher une conviction philosophique ?
— Sans doute, dit Rœmerspacher assez froidement, il y a des maîtres que nous admirons…
— Enfin, poursuivit M. Taine, quelles sont les idées philosophiques et politiques des jeunes gens ?
Et, comme l’autre hésitait, il ajouta :
— Voyez-vous qu’ils aient un principe directeur, ou qu’ils se préoccupent plus spécialement de