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LES DÉRACINÉS

de madame Astiné Aravian, à qui tout au moins le liait un souvenir de tendresse.

Et, comme s’ils devaient — dans cette journée qui demeurera une date considérable de l’adaptation de leur sensibilité au milieu parisien — rencontrer tous ceux qui contribuèrent à la leur former, ils croisèrent sur cette belle terrasse au bord de l’eau, Bouteiller, qui, dès six heures et demie, se promenait en habit et cravate blanche. À plusieurs reprises, il s’interrompit dans sa songerie pour interroger sa montre, comme un homme impatient. Surpris par le salut de ses anciens élèves, il les reconnut sans les arrêter, bien qu’ils fussent si voisins tous les huit dans cet étroit espace. Leur présence parut plutôt le gêner et, leur cédant le terrain, il traversa la place de la Concorde dans la direction de l’Arc de Triomphe, embrasé de feux magnifiques.