Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/174

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dénombrement, plusieurs noms qui déjà brillaient. Nul de ces jeunes morts qui ne mérite son portrait, une étude, son reliquaire. Mais aujourd’hui, laissons-les en bloc, pour qu’ils tombent avec tout leur poids sur nos cœurs.

Tous prévoyaient et annonçaient la guerre. L’un d’eux, Pierre Gilbert, à la veille même du grand jour, dans la Revue Critique du 25 juillet 1914, publiait des pages brillantes sur le prince de Ligne, et souhaitant que ce « cœur de feu » fût rattaché de plus près à notre histoire littéraire, il demandait qu’on lui empruntât quelques lignes pour les inscrire en tête de nos règlements militaires. Les voici, ces lignes, ce couplet à panache où palpite la même illusion qui, dans ces journées fiévreuses d’août 1914 masquait aux jeunes saint-cyriens le vrai caractère et l’horreur de la guerre commençante :

Fussiez-vous du sang des héros, s’écrie le prince de Ligne, fussiez-vous du sang des dieux, si la gloire ne vous délire pas continuellement, ne vous rangez pas sous les étendards.