Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/29

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le besoin et l’orgueil de ne verser leur sang que pour une cause juste.

Pour nous hausser jusqu’au sommet où vivent les soldats de cette guerre, quel plus beau symbole de l’entr’aide spirituelle qu’ils se donnent que le dévouement du lieutenant-colonel Driant ? Driant se porte, au péril de sa vie, auprès d’un de ses lieutenants blessés, et, sous le feu de l’ennemi, il reçoit sa confession et lui donne l’absolution.

Cette terre des tranchées est sainte ; elle est tout imprégnée de sang, elle est tout imprégnée d’âme…

Cette fraternité, cette vie spirituelle prolongée durant deux ans de guerre, arrivent à donner à certaines unités militaires une âme collective. Certaines de ces âmes paraissent si belles, dégagent un rayonnement si fort pareil à celui des saints que d’autres groupes reçoivent un accroissement rien qu’à les admirer.

« C’était en Artois, au printemps de 1915, me dit un jeune soldat, Roland Engerand.