Page:Barrès - Les Traits éternels de la France, 1916, Émile-Paul.djvu/32

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l’Est, et cette voix enfin qui, avec un accent d’Alsace, nous jeta du dernier rang : « Les Bauches, on les a eus ! » Ils n’avaient retenu que cela de toutes leurs souffrances. Leur capitaine les regardait silencieusement avec une prodigieuse expression d’amour.

» Et pendant que nous montions, tous remués, prendre leur place, ils disparurent, de leur pas lassé et triomphal…

» J’ai compris ce jour-là ce que c’était que la beauté de la gloire. »

Que ce dernier mot d’un enfant est grandiose ! Ainsi s’allument à l’héroïsme les cœurs bien nés. Ainsi l’esprit de la frontière, inséré dans les origines du 20e corps et perpétué par lui, court à travers les âmes qu’il embrase.

Et quelquefois, cette âme collective parle.

Aujourd’hui, dans le monde entier, chacun connaît cet épisode que d’innombrables articles, des gravures, des poésies ont popularisé. Vous vous rappelez ? les Allemands ont envahi une tranchée et brisé toute résistance ;