… évoquant en ses vœux dont peut-être on sourit,
La compagne qu’enfin il a trouvée, et l’âme
Que son âme depuis toujours pleure et réclame[1].
Les brutales caresses de la chair le laissent alors plus
indifférent que cette tendresse indéfinissable et mystérieuse
qui dans les pures amoui’s ravissent l’àmc au-dessus de la
réalité. Il songe aux yeux de sa fiancée et il se souvient qu’ils
savent éveiller « le désir étrange d’un immatériel baiser
[2] »,
L’innocence de la vierge le transporte d’ardeur ; il admire sa
coquetterie naïve
[3] ; il fait des promesses ; il multiplie les
serments :
Car je veux maintenant qu’un Être de lumière
A dans ma nuit profonde émis cette clarté
D’une amour à la fois immortelle et première
De par la grâce, le sourire et la bonté[4].
S’éloigne-t-il, il est en proie aux maux charmants de
l’absence, au soupçon, au doute
[5]. Il se lamente sur la bestialité
qui préside aux unions de son époque et n’aperçoit le
bonheur que dans l’union des âmes :
Nous sommes en des temps infâmes
Où le mariage des âmes
Doit sceller l’union des cœurs[6].
Aussi avec quelle mélodie prenante évoque-t-il la séduction
de cet idéal que réalise sur la terre une femme aimante,
intelligente et bonne :
J’ai fait souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue et que j’aime et qui m’aime,
Et qui n’est chaque fois ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre et m’aime et me comprend[7].
Avec quelle mélancolie attendrie, il se souvient de l’épouse