en fait un temps l’élève appliqué des Parnassiens. Au point
de vue du fond, il le passionne pour les idées verlainiennes et
même ultra-décadentes. Les préceptes parnassiens dominent,
en effet, la composition des poèmes recueillis dans Aux
Flancs du vase ; l’art impersonnel et impassible se retrouve
aussi dans bien des pièces d’Au Jardin de l’infante ; l’une
d’elles même, Tribu, consacre la fornmle de cette esthétique.
D’autre part, la rigidité métallique de leur structure, leur
exotisme ou leur archaïsme procèdent visiblement des Trophées,
de Heredia
[1], d’autres enfin ressemblent à des pastiches
de Leconte de Lisle
[2], ou de François Coppée
[3]. Quant
aux idées décadentes alors à la mode, elles apparaissent dans
cette exagération de névrose, cette affectation d’éréthisme
intellectuel et ces tendances à l’hallucination qui sont immédiatement
remarquables dans Vision, Allées solitaires, Mon
cœur est comme un Hérode. Dans leur manifestation moins
aiguë, elles se résument dans cette mièvrerie où Verlaine
avait rencontré les petits chefs-d’œuvre des Fêtes galantes.
Ils sont finis les soirs tombants
Rêvés au bord des cascatelles,
Les Angéliques ou sont-elles ?
Et leurs âmes de bagatelles
Et leurs cœurs noués de rubans ?
Après avoir cherché son originalité un peu partout, Samain en prend d’abord conscience avec les premiers livres de Verlaine. Puis au contact de Jammes, il se débarrasse des réminiscences romantiques et parnassiennes, délaisse l’inspiration livresque et chante enfin sa mélodie personnelle. Elle est éminemment précieuse. Selon le mot de Coppée, Samain est « un poète d’automne, de crépuscule et de morbide langueur. » Les grands sujets l’effraient. Il préfère à la peinture