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LE SYMBOLISME

typographie ou au point d’orgue de terminaison du poème [1]. »

La seconde réforme de Gustave Kahn porte sur la strophe. De même qu’il était indispensable de refaire l’anatomie du vers, il était nécessaire de refaire l’anatomie des groupements de vers et surtout de la forme lyrique par excellence, de la strophe. D’après Gustave Kahn, celle-ci ne saurait être un cadre fermé. Il est absolument impossible d’exprimer dans une forme fixe des sentiments différents. La colère, l’enthousiasme, la joie, la douleur ne se traduisent pas par des émotions d’intensité égale et de mouvement identique. La liberté de la strophe est donc indispensable au même titre et pour les mêmes raisons que la liberté du vers. La codifier, c’est vouloir tuer toute variété dans le lyrisme. La forme de la strophe dépend de l’accent d’impulsion, c’est-à-dire qu’elle « est liée à l’importance, à la durée du sentiment évoqué ou de la sensation à traduire qui en est la déterminante [2] ». Toutes les formules sont admissibles si elles correspondent à un élan propre d’émotion : « Les poètes du vers libre ne doivent point calquer leur strophe sur celles dont ils se sont donné eux-mêmes le modèle. Évidemment à mouvement semblable strophe semblable, mais la règle ne doit pas aller plus loin, elle doit-être élastique et flexible [3]. » La strophe à forme fixe n’existe donc pas. Il ne peut pas y en avoir de spéciale à la prosodie française ; il ne peut pas y en avoir de spéciale à un poète. Il ne peut y en avoir que de conforme aux sentiments passagers de l’individu. Or quoi de plus variable que le sentiment, quoi donc de moins fixe que la strophe, elle qui, « en définitive n’est que le développement, par une phrase en vers, d’un point complet de l’idée [4] ».

À ces réformes essentielles s’ajoutent d’autres modifications secondaires qui ne manquent pas d’intérêt parce

  1. Préface sur le vers libre.
  2. Préface sur le vers libre.
  3. Préface sur le vers libre.
  4. J. Huret, op. cit., p. 395.