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LES NÉO-CLASSIQUES



Va ! la mort qui prendra les roses de ta mine,
Heurte partout du même doigt ;
Elle force aussi bien la porte des chaumines
Que la citadelle des rois.


Dans sa Consolation à M. du Périer, Malherbe avait dit avec non moins d’éloquence :

La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles…
Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre
Est sujet à ses lois
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend point nos rois.


Il semble bien qu’ici l’art du pastiche aille jusqu’à la réminiscence. Il est au moins curieux de signaler chez un disciple de Ronsard cette religion incidente pour Malherbe.

Il est vrai que chez Raynaud l’admiration de Ronsard se traduit par d’autres particularités : dans le style par l’emploi d’expressions directement traduites du grec ou du latin : chalemies [1], l’aveine [2], une moire agitée y rote [3]. — par le retour d’épithètes singulières : automne pensierose [4], troupe ou onde bocagère [5], onde ruisselière [6], les chèvre-cuisses [7], les phaebiques pourpris [8] — par le goût fréquent des tournures moyenâgeuses : que le ciel n’en soit pleige [9], une orine ficelle [10].

Dans la syntaxe par l’abréviation du relatif : l’ardeur par quelle [11], par la suppression de la conjonction au début des

  1. Le Bocage, p. 60.
  2. Poésies, p. 261.
  3. Poésies, p. 134.
  4. Poésies, p. 215.
  5. Poésies, p. 235, 239.
  6. Le Bocage, p. 42.
  7. Le Bocage, p. 72.
  8. Le Bocage, p. 13.
  9. Poésies, p. 263.
  10. Poésies, p. 271 et aussi le Bocage : 22, 32, 33, 35, 36, 36, 37, 42, 55, 59, 60, 76, 82, 97, 102, 103.
  11. Poésies, p. 241, 262.