Page:Barreau anglais ou choix de Plaidoyers des avocats anglais, tome 3, 1824.djvu/374

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dura qu’une heure, et, dans ce court instant, elle priva notre pays de plus de vertu que cette commission ne pourrait en enlever à la conspiration, dût-elle siéger éternellement.

Cependant, ce m’est comme à lui un sujet de regrets sincères que la plupart de ceux qui ont été jusqu’à ce jour conduits devant les tribunaux soient, comparativement parlant, de très-insignifians personnages ; ils n’étaient point, je le reconnais, les premiers moteurs de la trahison. Mais je crois que la commission ne peut se dispenser de donner quelque mémorable exemple : il serait sans doute beaucoup plus important de briser la trame toute entière que de n’en rompre qu’un seul fil. Mais il est nécessaire que l’un et l’autre aient lieu ; les instrumens, aussi bien que leurs moteurs, doivent porter la peine de leur faute : sans doute il n’y aurait point de rébellion s’il n’y avait des conspirateurs ; mais il n’y aurait pas de conspirateurs s’il n’y avait pas d’instrumens dont ils pussent se servir. Ainsi donc, des exemples pris dans les dernières classes du peuple sont aussi nécessaires que ceux qui frappent les chefs du complot. Mais je reconnais que ceux-ci doivent marcher à l’échafaud avec des sentimens bien différens : l’homme qui par ses projets a compromis sa vie et sacrifié celle des autres, est doublement coupable ; et, au moment solennel où il devra rendre compte de ses œuvres, un remords bien plus cuisant dévorera son âme.

Messieurs, dans les précédentes occasions, craignant que mon zèle à remplir mes devoirs ne m’entraînât hors de leurs limites, j’ai toujours recommandé au jury la douceur, la clémence et la modération : je suis certain que sur ce point les sentimens de vos cœurs ont déjà devancé mes paroles ; je vous supplie donc que rien de ce que je vous ai dit, dans l’unique but de vous rendre intelligibles les preuves qui vont vous être soumises, n’ait un autre effet ; ce discours n’a