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Page:Barrière-Flavy - Etude sur les sépultures barbares du Midi et de l'Ouest de la France, Privat, 1893.pdf/31

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du midi et de l'ouest de la france

de la Gaule, dans le Midi cette appréciation ne saurait convenir absolument, car l’influence romaine, loin d’être détruite par un élément nouveau, absorba au contraire et complètement les envahisseurs et se manifesta pendant longtemps dans les mœurs, les coutumes, les lois et le langage des populations méridionales.

Il a donc été matériellement impossible aux tribus franques de s’établir et de dominer par la conquête sur les provinces gauloises. Les générations de l’époque n’ont pas vu dans ces événements un fait aussi considérable et tel que la plupart des historiens modernes nous le représentent. « Les Germains n’ont pas réduit la population gauloise en servitude, - dit Fustel de Coulanges. - Ils n’étaient à son égard ni des vainqueurs ni des maîtres ...[1]»

§ 3. - Des Wisigoths.


« La conquête des provinces méridionales et orientales de la Gaule par les Wisigoths et les Burgondes, - dit Aug . Thierry, - fut loin d’être aussi violente que celle du Nord par les Francs[2].» Sans aucun doute, l’arrivée de ces peuples dans le Midi ne fut pas marquée par des excès tels que les Francs purent en commettre ailleurs, et cela pour deux motifs principaux : d’abord, leur civilisation était beaucoup plus avancée que celle des autres nations barbares[3]» ; ensuite, ils avaient depuis longtemps embrassé le christianisme[4]. Un commerce suivi avec les Romains, le séjour des Goths dans l’Empire même, en Italie, avaient adouci leurs mœurs farouches. Ils s’étaient familiarisés avec la société romaine ; ils avaient appris à aimer les arts, et leurs chefs, affectant la politesse de Rome, se disputaient ses faveurs[5]. Le spectacle de cette civilisation, bien qu’en décadence, frappait leur imagination et les captivait ; aussi s’efforçaient-ils, par leur manière

  1. Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de l’ancienne France, 1re part., chap.XI. - Voir aussi les appréciations différentes : Aug. Thierry, Dix ans d’études historiques, VIII et IX. - Fauriel, Histoire de la Gaule méridionale, t.I, ch.XI, p.444.
  2. Aug. Thierry, Lettres sur l’histoire de France, VI. - Conquête de l’Angleterre par les Normands, liv.I, p.42. - Histoire de Languedoc, édit. Privat, t.I , p.396. Cénac-Moncaut, Histoire des peuples et des États pyrénéens, t.I, p.274.
  3. Jornandès, De origine actuque Getarum, lib.II. « . .. Unde et pene omnibus barbaris Gothi sapientiores semper extiterunt, Grœcisque pene consimiles, ut refert Dio ...» lib.IV « Qui [Diceneus] cernens eorum animas sibi in omnibus obedire, et naturale eos habere ingeninm, omnem pene philosophiam eos instruxit...
  4. Les Goths, dit Sozomène (lib.II, cap.VII), avaient embrassé le christianisme avant que Constantin devînt seul maître de l’Empire. - Le Dr Rigollot (Recherches historiques sur les peuples de la race teutonique qui envahirent la Gaule au cinquième siècle) déclare que ces peuples durent à leur conversion à la religion chrétienne la connaissance de l’écriture bien avant tous les autres Teutons.
  5. Aug. Thierry, Conquête de l’Angleterre par les Normands, liv.I, p.42.