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Page:Barrière-Flavy - Etude sur les sépultures barbares du Midi et de l'Ouest de la France, Privat, 1893.pdf/36

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étude sur les sépultures barbares

mond, revenu dans ses États, tourne ses armes contre le général romain Aétius, qui n’avait pas tenu les engagements pris vis-à-vis de ce jeune prince après la bataille de Méri, et refusait de lui envoyer sa part de butin enlevé à l’ennemi[1]. Rome ne parvint à apaiser la querelle qu’en faisant remettre à Thorismond, par l’entremise du préfet Ferréol, un bassin d’or chargé de pierreries[2].

Théodoric II, frère et successeur de Thorismond (453), passa les Pyrénées et alla guerroyer en Espagne contre les Suèves, pour le compte du gouvernement impérial. Cependant il est probable que ce prince s’appropria les conquêtes faites dans ce pays et qu’il tenta en outre de se soustraire à l’autorité romaine en mettant le siège devant Arles, sous prétexte de venger sur Majorien la déchéance de son protégé Avitus. Mais il fut vaincu en 459 par le comte Egidius et dut restituer les provinces conquises en Espagne[3].

La faiblesse du gouvernement impérial et l’anarchie qui régnait à Rome ne firent qu’accroître le désir d’indépendance que les rois wisigoths avaient déjà montré. L’attitude de Théodoric après l’assassinat de Majorien prouve l’habileté de ce prince à saisir toute occasion qui s’offrait à lui pour étendre ses domaines. Embrasserait-il le parti de Sévère, ferait-il cause commune avec les provinces qui refusaient de le reconnaître pour empereur ? La puissance morale qu’exerçait encore l’Empire sur ces Barbares l’emporta peut-être en cette circonstance, et Théodoric se déclara en faveur de Sévère. Cet acte lui valut le reste de la Narbonnaise I jusqu’au Rhône (462)[4].

Entre temps, Frédéric, frère de ce roi, s’emparait du château de Chinon sur le comte Egidius et périssait dans un combat contre les Romains, entre la Loire et le Loiret, tandis que le général Egidius trouvait peu après la mort dans une embuscade (463)[5].

Trois ans plus tard, Théodoric II était assassiné par son frère Euric (466).

Le règne de ce prince wisigoth fut l’apogée de la puissance de ces Barbares dans la Gaule méridionale. Euric, au dire de J ornandès, tenta sérieusement de s’affranchir de la suj étion romaine et d’occuper les provinces du Midi en seul maître[6].

La force des Goths augmentait à mesure que s’affaiblissait l’autorité de l’Empire. Jusqu’à Théodose, les empereurs avaient été les chefs des armées, de même

  1. Jornandès, De origine actuque Getarum. - Grégoire de Tours, Histoire des Francs, liv. II, chap. VII.
  2. Histoire de Languedoc, édit. Privat, t. I, pp.442-450.
  3. Ibid., édit. Privat, pp. 457 et suiv.
  4. Idace dit que Agrippinus, gouve rneur de Narbonne, livra la ville au" Wisigoths en haine du comte Egidius (Chronicon, pp. 710 et suiv.). - A. Longnon, Géographie de la Gaule au sixième siècle, p. 43.
  5. Histoire de Languedoc, édit. Privat, t. I, p. 475.
  6. Jornandès, De origine actuque Getarum, Iib. XV.