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étude sur les sépultures barbares

nant six diocèses : Béziers, Agde, Maguelonne, Nîmes, Carcassonne et Elne, resta aux Wisigoths qui la conservèrent jusqu’à l’arrivée des Arabes[1].

Quelques familles gothes, réfugiées dans les hautes vallées des Pyrénées au moment de l’invasion arabe, s’y perpétuèrent durant des siècles. A travers le moyen âge, ces restes de l’ancienne nation wisigothe étaient l’objet du mépris des populations chrétiennes qui leur avaient donné le surnom de cagots[2]. Véritables parias des pays pyrénéens, ils étaient exclus de la société civile comme dé la société religieuse. Toute profession leur était interdite, hors celles de charpentier et de bûcheron. Relégués loin des centres d’habitation, ils n’avaient de commerce avec les autres hommes que dans les foires où ils se rendaient ; et encore étaient-ils tenus de payer un droit et de laisser leurs montures en dehors de la voie publique[3].

Telle fut la destinée des derniers descendants de ces peuples barbares qui substituèrent leur puissance à la domination de Rome dans les contrées occidentales de l’Empire.

« Sous le rapport anthropologique, - dit à ce sujet le Dr Lagneau[4] - il est difficile de ne pas partager l’opinion des nombreux auteurs qui regardent les cagots comme issus dés Goths, comme des caas goths ou chiens de Goths, car Procope donne aux différents peuples de race gothique cette même blancheur de peau, cette même chevelure blonde, tout en les dépeignant comme grands et beaux. »

  1. Jornandès, De oirigine actuque Getarum, XIX. - De regnorum ac temporum successione, lib.XV. - A. Longnon, Géographie de la Gaule au sixième siècle, p.58.
  2. Le mot de cagot désigne bien la race alors maudite des Goths aryens ; car la première syllabe ca en béarnais, can en gascon, signifie chien ; chien de Goth. - Cénac-Moncaut, Histoire des peuples et des États pyrénéens, t.I, p.334. - Francisque Michels, Histoire des races maudites de la France et de l’Espagne, t.II. - E. Cordier, Les Cagots des Pyrénées, in Bullet. de la Société Ramond, 1866. - Guyon, Sur les Cagots des Pyrénées. (Comptes rendus de l’Academie des sciences, 2e série, t.V.) - Auzoux, Les crétins et les cagots des Pyrénées, in Annales médico-psychologiques, 1867, 4e série, t.IX.
  3. Douais, Cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse, CLVIII-100.
  4. Dr Lagneau, Ethnogénie des populations du sud-ouest de la France, p.21.