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du midi et de l'ouest de la france

ouvrage, auquel M. de Baye emprunte de longs extraits, est, sans contredit, bien précieux pour notre système.

Un autre travail , dû à un savant professeur de l’Université de Budapest, M. Henszlmann, apporte encore, par son exactitude et ses démonstrations origi­nales, une preuve nouvelle et probante en faveur de la cause de l’origine gothique des bijoux barbares du Midi.

M. Henszlmann remonte à la source de cette industrie barbare, puis en suit toutes les manifestations sur la route des Goths à travers l’Europe jusqu’en Espagne. Cette étude, d’un puissant intérêt pour nous, mérite d’être rapidement analysée ; ce sera la dernière autorité sur laquelle nous nous appuierons pour démontrer la proposition qui fait l’objet de ce chapitre. « Parmi les œuvres de l’âge de fer, - dit ce savant archéologue[1], - il y en a qui, quoique trouvées dans des pays très éloignés l’un de l’autre, ont été travaillées sur les mêmes données, car ces œuvres présentent des analogies frappantes, non seulement dans leur con­ ception, mais aussi dans leur exécution technique... Je me propose, en me tenant au fait de l’analogie ou même de l’identité presque artistique de ces objets, de rechercher lequel des peuples migrateurs peut ou doit être considéré comme auteur, d’un côté en imitant les œuvres analogues des Romains ou des Byzantins, d’un autre côté en mettant toujours dans ces imitations, de son propre génie, de son propre caractère national, ainsi que de son inhabileté artistique... »

M. Henszlmann se place alors à un point de vue nouveau : celui de la sta­tuaire, et il passe en revue tous ces monuments qui forment, dit-il, une chaîne peu interrompue depuis la Russie méridionale jusqu’en Espagne. Nous n’avons pas à le suivre dans ses savantes démonstrations ; contentons-nous de signaler les principaux spécimens remarquables d’antiquité gothique qui sont étudiés dans cette œuvre. Ce sont les statues trouvées à Jecla (Espagne) figurant à l’exposition de Vienne en 1873, celles de Bamberg (Allemagne) décrites par M. Lindenschmit, les objets d’or trouvés à Petreosa (Valachie) et attribués au roi goth Athanaric, les coupes d’or du musée de Vienne publiées par M. Arneth, etc.

« Il n’y a pas d’autre peuple barbare, - ajoute l’auteur, - habitant jadis les bords de la mer Noire et la Russie méridionale, qui dans son domicile postérieur eût donné des preuves de son génie pour la sculpture, qui aurait produit des œuvres statuaires, hors les seuls Goths..... Les Goths seuls nous ont laissé en Espagne des statues presque identiques à celles de la Russie méridionale... »

Le savant hongrois aborde ensuite les fibules et les boucles de bronze. « Il est clair, - écrit-il, - que la même pensée a présidé à la fabrication de ces fibules, et, si elles ne proviennent pas de la même fabrique, c’est au moins la même

  1. Henszlmann, Étude sur l’art gothique (Congrès d’anthropologie et d’archéologie pré­historique de Budapest, 1876), pp.501 et suiv.